RAPPORT SUR LES PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ XXI
comme en amitié, plus de prix à la qualité qu'à la quantité des suffrages. Il ne m'appartient pas de faire ici le portrait de l'écrivain et de l'homme, dont la physionomie fine et triste restera gravée dans la mémoire de tous ceux qui l'ont connu. Je tiens. seulement à adresser, en votre nom, un dernier adieu au collègue estimé de la première heure, dont l'adhésion nous a été d'autant plus Sensible qu'il n'était ni hébraïsant, ni historien, ni en passe de le devenir. En venant à nous, Aron croyait faire simplement œuvre de curieux et œuvre d'israélite : c'est un exemple qui, Dieu merci, a trouvé des imitateurs.
Ce fait même — l'adhésion à notre société de tant d'Israélites qui ne sont pas des savants et de tant de savants qui ne sont pas israélites —mé paraît propre à inspirer quelques réflexions salutaires. Lorsqu'on nous demande si la direction que nous avons imprimée à la Société est bien celle qu'avait en vue, au moment de sa constitution, l'universalité ou la majorité de ses membres, lorsqu'on nous demande si nous usons véritablement dans l'intérêt commun des pouvoirs que vous nous avez délégués et des ressources que votre générosité met à notre disposition, c'est ce fait, il me semble, qui doit fournir la réponse.
L'intérêt de la science, l'intérêt du judaïsme, deux mots qui n'ont jamais juré de se voir accoupler ensemble — une parole plus autorisée que la mienne vous le démontrait naguère — voilà le double objet que nous nous sommes proposé en fondant la Société des Études juives. Il serait aussi inutile que maladroit de dissimuler que les souscripteurs qui ont répondu à notre appel appartiennent aussi à deux catégories différentes, qui se touchent sur bien des points, qui se confondent dans bien des esprits, mais qui n'en doivent pas moins être soigneusement distinguées.
La première catégorie a vu surtout dans notre entreprise une œuvre scientifique, une œuvre d'érudition, qui allait * combler une lacune dans notre presse savante, et contribuer à jeter la lumière sur un des côtés les plus intéressants de l'histoire de l'humanité. C'est comme curieux, c'est comme amis des études historiques ou philologiques, que ces souscripteurs nous ont apporté leur obole.
La seconde catégorie, — et elle n'est pas la moins nombreuse —