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ANTISÉMITISME ET PANGERMANISME

explosion de lorgueil allemand. Comme au Moyen-Age, on faisait valoir contre eux des griefs religieux. Mais on leur reprochait aussi dêtre les protégés des Français et surtout daltérer par leur seule présence la pureté de la race germanique.

Cette doctrine.de haine nétait pas seulement en faveur dans les partis réactionnaires : les étudiants allemands qui, entre 1815 et 1830, manifestaient pourtant contre le régime absolutiste imposé à lEurope, se faisaient les propagateurs de lantisémitisme.

La campagne fut menée surtout par des professeurs : Friedrich Riihs, qui enseignait lhistoire à la nouvelle université de Berlin, publia, en février 1815, une bro­chure intitulée : Les prétentions des Juifs aux droits civiques en Allemagne (1) : il y développait la théorie de VEtat chrétien et en tirait cette conséquence que les Israélites devaient être, sinon chassés du pays, du moins humiliés et entravés dans leurs progrès. Il revint à la charge en janvier 1816, en réunissant en recueil des arti­cles quil avait publiés. ,.

Dautres polémistes suivirent : Klüber, un professeur badois de droit public, et Fries, qui, à Heidelberg, ensei­gnait la médecine et les sciences naturelles (été de 1816). Une comédie dun certain K-B-A. Sessa, dabord sifïlée à Breslau, à la fin de 1812, sous le titre de Die Juden- schule (La Synagogue), fut reprise, avec un énormé suc­cès, à Berlin, le 1 er septembre 1815, sous le titre nouveau de U user Verkehr . (Nos fréquentations).

Dans un pamphlet teutomane, le Judenspiegel (Le miroiiLdes Juifs) Hartwig von Hundt-Radowsky (novem­bre 1819) dépassait en violence tous les écrivains antisé­mites. Quoique, pour lui, tuer des Israélites ne fût pas « un crime, mais un simple délit de police », il ne

( 1 ) Die Anspriiche der Juden an das deutsche Biirgerrecht .