VINGT-QUATRIÈME ANNÉE

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JEUDI I « NOVEMBRE \ 855.

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Les ateliérs étant fermés demain fête de la TOUSSAINT , le CHARIVARI ne paraîtra pas le vendredi 2 novembre.

LES DANGERS DU CODE CIVIL.

Le savant Coquille nest pas content du code civil; i! lui dit son fait assez durement à propos dun livre allemand publié par un professeur de luniversité dHeidelberg.

Le code civil est lobjet dune sorte de culte pour quelques légistes qui se croient cependant des hom­mes dordre. Ces braves gens ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Cest, le savant Coquille qui le déclare. Àh ! vous parlez du code civil et vous vous prétendez conservateurs ! Insensés ! Savez- vous ce que cest que le code civil? Cest l'anarchie organisée et rien de plus.

Tirez-vous delà. Coquille n'accorde pas cinquante ans dexistence à une société mise au régime du code civil.

Les rédacteurs du code étaient, peut-être à leur insu, Coquille veut bien leur faire cette concession, sous linfluence des idées révolutionnaires et des principes de 89 (dexécrable mémoire). Il ne faut donc pas sétonner si leur oeuvre a gardé le reflet des préjugés et des extravagances de lépoque. Il croyaient organiser la société ; ils la désorganisaient au contraire de fond en comble.

Quelles sont les deux bases de létat social ?

La propriété et la famille.

Eh bien, le code civil les a démolies radicalement. Lctat social est à terre.

Le code civil a détruit complètement la famille en ne faisant pas la part assez large à lautorité pa­ternelle.

t Sans doute un père a bien sur son fils jusquà sa j majorité certains droits que la loi lui reconnaît. Us peut même, si lenfant manifeste des penchans par : trop inquiétans, le faire enfermer dans une maison ; de correction ; mais quest-ce que cela? i Coquille voudrait quun père eût Je droit dap- !, püquer à son fils des bastonnades à la façon napoli- l faine, afin démériter ainsi le titre du meilleur des j pères, comme le roi Ferdinand est appelé Je meilleur L des rois. Mais des coups de bâton, ce nest pas assez. 1 U faudrait quun père eût la liberté de tordre le cou i a se s enfans chaque fois quil le jugerait à propos.

1 Tant que nous nen serons pas venus, la famille

ne sera quun nom. Coquille voudrait même que les pères fussent autorisés à manger leurs enfans com­me Ugolin.

Et puis, direz-vous que le droit de propriété existe lorsquun père de famille nelpeut pas déshériter complètement ses enfans pour donner ses biens à une église ou à un couvent ?

Pitié ! dérision !

Coquille déplore surtout iinlerdictio n absolue des substitutions.

Et savez-vous quel a été {le résultat.de cette (in­terdiction ? Coquille va vous le dire.

Cest la ruine complète de l'agricultuee.

Rien nest plus facile que de le prouver.

Les substitutions étaient la sauve-garde de laris­tocratie territoriale. Leur suppression a amené la division des héritages à linfini.

La division des héritages a engendré la petite culture.

Et la petite culture a tué lagriculture. Il y a du moins la rime sil ny a pas la raison.

Voilà ce que nous devons au code civil.

Le voyageur qui traverse la France remarque avec stupéfaction que les trois quarts des terres sont en friche.

Pourquoi donc ne cultive-t-on pas la terre dans ce pays-ci ? demande-t-il.

A cause de la division des héritages, lui ré­pondent les gens raisonnables et instruits.

Ah ! sécrie le voyageur, cétait bien différent du temps du marquis de Carabas !

Je le crois bien ; on pratiquait alors la substi­tution!

La conclusion de tout cela, cest que les terres étant en friche, au dire de Coquille, je ne sais pas trop ce que nous allons devenir dans un temps donné. Nous commencerons par manger les chiens, les chats, les rats, jes vieilles bottes, les vieux cha­peaux. Mais après ? Les pères élevés dans les bons principes regretteront de ne pouvoir manger leurs enfans, mais la législation sy oppose. Il nous fau­dra tous mourir de faim. Alors peut-être reconnaî­tra-t-on les vices radicaux du code civil.

Clément Caraguel.

LE CONGRÈS DES CHASSEURS.

Létat déplorable dans lequel se trouve le gibier

1 cette année a appelé lattention sur cette partie si importante de lalimentation publique.

Les chasseurs vont se réunir en congrès univer­sel pour rechercher les causes de la diminution tou­jours croissante du gibier en France et des moyens dy remédier.

Déjà plusieurs brochures ont paru sur ce sujet.

Lauteur de lune de ces brochures voudrait quon eréât des comices eynégéticoles taillés sur le même patron que les comices agricoles.

Chaque année le comice cynégéticole se rénnit au moins une fois sons la présidence dn préfet ou du sous-préfet ; on prononcerait des discours et on dis­tribuerait des médailles aux gardes forestiers et aux paysans sur les terres desquels on aurait tué le plus de gibier. Il y aurait la médaille dor pour les liè­vres, la médaille dargent pour les perdreaux et la médaille de bronze pour les levreaux.

Une simple mention honorable suffirait aux la­pins.

Lauteur dont nous parlons est de la Nièvre, et il espère en finissant que M. Dupin voudrait bien consentir à prononcer un discours au comice cyné­géticole, ce qui ne peut manquer, suivant lui, dexer­cer la plus heureuse influence sur le gibier.

Dans une autre brochure, voici ce quon propose :

Il est formé dans toute la France une association doit tous les membres sengagent à consacrer au moins une journée par semaine à la chasse au re- uard, à la martre, à la belette, an putois, au rat, à tous les ennemis acharnés du gibier. Chaque année le membre qui aura tué le plus grand nombre de ces bêtes immondes sera proclamé roi de lassocia­tion.

Il y a un écrivain qui propose le rétablissement pur et simple de lancienne législation sur le bra­connage,

Un lièvre, vingt ans de galère.

Une perdrix, quinze ans. ' ^

Une caille, dix ans. :V!

Un lapin, cinq ans.

Un faisan, les galères à perpétuité.

Comme consécration de cette pénalité, notre au­teur demande quon en revienne à la marque et à la torture préalable pour faire avouer le délit. Sans cela, ajoute-t-il, croyez bien quavant dix ans il ny aura pas une pièce, plume ou poil, dans toute lé­tendue de la France.

On pourrait également, selon lui, établir des gar- nisaires dans le village un délit de braconnage