LB GRBLOT ment n’a pas eu l’audace de prendre quelques- uns de ses fonctionnaires parmi les protes¬ tants! Quel crime abominable 1 Au lieu de tirer des cartons quelque bonne petite réédition de la révocation de l’Édit de Nantes, on donne la pâtée administrative à ces hérétiques. Dieu ne va plus protéger la France, c’est sûr 1 Et voyez cependant le nombre de gens bien pensants tout prêts à immoler leur tranquillité privée au service de leurs concitoyens, pourvu qu’oa leur paye vingt ou trente mille francs ladite tranquillité privée î Du reste, il faut avouer que le gouvernement lui-même a été composé d’une façon bien dé¬ plorable : Il y avait là l’honorable Changarnier qui, malgré son grand âge, eût « modestement » accepté l’emploi de président de la République, et qui, celui-là, en eût fait voir de grises à ceux qui ne font pas leurs Pâques; eb bien! on n’a pas même pensé à lui. On l’avait sous la main; on lui a dit :« Vous repasserez la prochaine fois ! Vous êtes encore un peu jeune, mon garçon, vous n’avez que soixante-dix-huit ans, il faut attendre que vous ayez un peu plus de plomb dans la tête! » Cumont lui-même a été dédaigné. Belcastel moisit sur son banc. Lorgeril est raccorni par un spleen farouche. Barascud prend racine dans son fauteuil. Dahirel devient plus coriace qu’un fakir in¬ dien. Tout ce monde, si dévoué à l’ordre, au bien public, à tout ce qui sert de pièce de résistance aux phrases du spirituel Saint-Genest, — tout ce monde est là, les bras ballants, et M. Du- panloup lui-même n’a pas un seul petit minis¬ tère des cultes pour se consoler de la récep¬ tion de Littré à l’Académie. Les esprits sensés, amis de la morale et de la paix générale, n’ont point vu toutes ces injustices sans en avoir les larmes aux yeux, et ils en augurent des catastrophes qui ne tar¬ deront pas à grêler sur nous. Il est certain en effet que. de pareils dévoue¬ ments tenus à l’écart et méprisés se changeront tôt ou tard en haines plus ou moins rougies à blanc. Quand on voit des luthériens, des calvi¬ nistes, des presbytériens, que sais-je encore, entrer dans le gouvernement comme dans du beurre, et les bons catholiques rester sur le sable, on peut prédire à coup sûr que 'des malheurs terribles sont dans l’air. Aussi je ne suis pas éloigné de croire que bientôt nous lirons dans les journaux à la « ra- dicaille : » « L’extrême gauche s’est réunie hier à l’hôtel s Réservoirs, sous la présidence de l’hono- des rable M. Dahirel. ZUT. lois, et donner un coup de peigne au droit et à la légalité. Ainsi, pour ne parler que des discussions parlementaires, dites-moi un peu, comment cela se passait-il autrefois? C’était déplorable ! Les ministres causaient, discouraient, se mêlaient de tout, jacassaient sur taut comme des pies, défendaient leurs projets comme un chien défend un os, ils y mettaient un acharnement dégoûtant. Depuis que le mauvais génie de la France'e st dans le sac, ça marche 1 oh I mais ça marche, qu’on n’a pas idée de ça dans la banlieue. Si vous interpellez les ministres sur l’intro¬ duction dans l’armée des schakos-chaufferette ou des cuirasses à parapluie, sur un impôt ou sur une loi d’intérêt local, général ou particu¬ lier, n’importe quoi enlin, au lieu de faire un tas de manières, de vous faire des discours qui les rendraient pivoine et pendant lesquels on se démanche comme si l’on avait des puces dans le nez, ils vous répondent tranquillement, comme des gens forts de leur supériorité : Nous répondrons plus tard, allez vous coucher. Nous ne savons pas ce que vous voulez dire; si vous y tenez, nous étudierons la questionfsmais pour le moment : des nèfles ! C’est déjà mieux. Remarquez que le calme commence seule¬ ment à renaître ; mais lorsque nous en aurons jusque par-dessus notre chapeau, qu’on aura l’ordre rétabli au point que les enfants en viendront au monde avec un faux-col, les dis¬ cussions seront encore simplifiées, et je ne désespère pas qu’elles se réduiront à ceci, même dans l'Officiel : assemblée du... PRÉSIDENCE DE M. 18 . TRIOLETS-RIM AILLES Ça se chante sur l’air national : Partant pour la Syrie, Le jeune et beau Dunois. Oui, ton bon temps va revenir, De loin j’en vois poindre l’aurore, L'Empire est prêt à reverdir, Oui, ton bon temps va revenir Ecoute, entends : Voilà l’plaisir! Pauvre pays, espère encore ! Oui, ton bon temps va revenir. De loin j’en vois poindre l’aurore. Règne pimpant du falbalas, Des pompons, de la crinoline, Deviens! nous te tendons les bras, Règne moral du falbalas. De l’ennui nous sommes si las ! Montre-nous ta joyeuse mine, Règne coquet du falbalas, Des pompons, de la crinoline. La République a fait son temps ; Elle ne bat plus que d’une aile; C’est l’Empire qui le prétend; La République a fait son temps. S’il prédit , c’est un bon enfant ; Et s’il conspire, c’est par zèle ; La République a fait son temps, Elle ne bat plus que d’une aile. Le soleil est donc entrevu ; Vive le plaisir, la bombance ! Chantons sur l’air du lanturlu : Le soleil est donc revenu ; Ce retour-là t’était bien dû, Cher et pauvre pays de France ! Le bon temps est donc entrevu, Vive le plaisir, la bombance ! A. P. BALIVERNES Aujourd’hui que le sinistre vieillard est au panier, nous allons donc enfin pouvoirrétablir 'ordre dans nos institutions, rafistoler nos La séance est ouverte à deux heures. Le procès-verbal de la dernière séance n’est pas lu, afin de ne pas s’attirer de rectifications de la part des démagogues. le président. — La parole est à M. A... sur le projet de loi relatif aux salsifis. M. A... — Je désirerais connaître l’avis du gouvernement sur l’emploi des ratissures des... Le président. — Ah ! on a parlé de ça ?... Tiens! Eh bien,voilà la première nouvelle. La parole est à M. le ministre de l’agriculture. M. le ministre de l'agriculture. — Si j’ai parlé de salsifis, c’est que ça m’a fait plaisir, pro¬ bablement, mais maintenant c’est fini, j’ai complètement oublié la loi que j’ai proposée. Passons à antre chose. Plusieurs voix. — Très bien 1 très bien 1 Le Président. — Je crois inutile de consulter la chambre ; admettons qu’on n’a rien dit et passons. La parole est à M. B. sur son amende¬ ment relatif aux queues d’oseille. M. B .— Un membre du gouvernement ayant proposé de nourrir exclusivement les invalides avec des queues d’oseille et de la purée d’épaulettes, je suis chargé par les in¬ téressés de demander à M. le ministre de la la guerre. Le Président. — Des explications? soitl parole est à M. le ministre de la guerre. M. le ministre. — L’honorable M. B. voudra bien me permettre de ne pas lui ré¬ pondre, car je ne connais pas un mot de la question. Le Président. — Parfaitement 1 et puis oa est là,après ça, à se chicaner, donnant un spectacle navrant aux masses, c’est inutile. Là, voilà l’affaire faite. Pas de discussions ni de dissen¬ tions intestines; on se fait du mal et on découd les manches de sa redingote en gesticulant. Je consulte l’assemblée...là, ça y est. Maintenant allons nous-en ; demain, discus¬ sion sur....rien du tout. La séance est levée à deux heures et demie. 'Ça sera l’âge d’or, quoi 1 Monsieur MACHIN. Est-ce vrai, Jujules? Quoiqu’il eu soit, merci de votre prévenance ; quand Orélie-Antoine 1 er vous appelera à lui, j’espère qu’avant de partir vous viendrez nous dire adieu. Nous boirons un verre de Simonade- Gazeuse à la santé des Araueans et de leur futur mi¬ nistre des Travaux forcés à perpétuité. Adieu, ma vieille, la censure vous emporte! i * I* * A Madame Jmenbettytoüttseulle.| Chaillot. Vous avez un fier toupet! Les nouvelles à la main que vous m’adressez sont pitoyables; vous les avez ehippées à Champfort qui ne se plaindra pas... J’accepte pourtant cette pensée d’emballeur digne de l’immortel Aurélien Scholl : « Il faut être treize pour manger une dou¬ zaine d’huîtres... soi, et les huîtres. » Quant à votre pièce de vers sur Victor Hugo, elle est fort curieuse et très-peu connue, mais, il y a plus de vingt ans qu’elle a été fabriquée et publiée au-dessous d’un portrait du futur auteur de Quatre-vingt-treize. Cette parodie des Djinns mérite d’être pu¬ bliée. Soyez heureuse, madame : Ci Cet homme Qui Dégomme Rimeurs De Rome, Auteurs Qu’on nomme Ailleurs. Sa puissance Est, immense; Il condense Mort et danse, Rire et pleurs, Il mélange L’homme et l’ange La vidange Et les-fleurs. Il est grand, il est grand mes frères; Il a sons ses pieds les palais, A ses genoux les militaires Sous sa main les sociétaires De ce bon Théâtre-Français. Son vaste front rayonne et verse la pensée Sur la loule — qui boit, attentive et pressée, La manne de son verbe et le bruit de sa voix. C’est lui, c’est l'empereur! — les autres sont des rois, Des ducs, des princes Comtes, barons; Ils ont provinces, Ils ont fleurons; Mais qui qu’en grogne, Aux plus lurons Lui sans vergogne Prend, taille et rogne Leurs écussons; Cet homme, Ce goth Se nomme Hugo, Sa trace S’efface- Ra... Il passe Ja!... Non, Victor Hugo ne passera pas, madame, Victor Hugo est immortel. Ça embête Millaud, Jotlivet, Coppée et Ca¬ tulle Mendès, et surtout M. de Lorgeril, qui va, dit-on, proposer aux conservateurs de se ! déclarer députés à vie, et, si cela ne suffit pas, j députés héréditaires. r Recevez l’assurance de la considération dis— I tinguée de mon concierge. MONTRETOUT. NOTRE COURRIER A Monsieur Jules Simon, membre de l’Interna¬ tionale et de l'Institut, professeur de philoso¬ phie, ministre en disponibilité, etc. Paris, près Versailles, C’est fort aimable à vous, Monsieur, de m’a¬ dresser votre photographie équestre, sortant des ateliers deCarjat, à qui M.de Villemessant reproche (comme c’est intéressant pour la France 1) la mise en vente de M me Jouvin. Quelle idée avez-vous eu-là, mon cher Ju¬ les, de vous faire héliograpbier à cheval? Le Petit, qui s’y connaît, trouve que le che¬ val est très-ressemblant, mais que vous n'avez pas du tout F*ir d’un ministre dégommé. Mais pourquoi ce cheval? Flammèche et M. Machin me soufflent à l’oreille que vous envoyez partout votre photo¬ graphie. éqwstre, pour prouver que vous n’avez pas été mis à pied. comme sujet, ni de plus mal fait comme exé¬ cution. Il est pitoyable de voir un garçon qui, en définitive, n’est pas un imbécile, traîner sa plume dans les égoûts comme il le fait. C’est ce que je me permettrai d’appeler de la littérature percée. Je sais bien mauvais gré à Mme Laurent et à Dumaine d’avoir, grâce à leur talent, fait supporter cette ordure-là jusqu’au bout. * ♦ * Grand succès à l’Athénée, avec le Pierrot- Fantôme, de MM. Ernest Dubreuil et Stafleaux, musique de M. Lionel. La pièce, très-vive et très-bien menée, est un spirituel écho de la vieille comédie ita¬ lienne. La musique est charmante, mélodique, claire, bien en scène et des plus remarquables comme instrumentation. Début qui tait le plus grand honneur au musicien. Pierrot-Fantôme est joué à merveille par M. Vautier, un excellent artiste, doué d’une voix superbe et qui, depuis longtemps déjà, devrait être à l’Opéra-Comique. Mes compliments à Mlle Marietti, ainsi qu’à MM. Géraizer, Lary, Lefebre et Galaherd. PUCK. BIBLIOGRAPHIE La librairie de la Société des gens de lettres vient de mettre en vente un nouvel ouvrage : Don César de Bazan à Grenade, par Henri Augu. On se demandait généralement ce que don César de Bazan, le légendaire personnage créé par Victor Hugo, était devenu, après avoir été nommé gouver¬ neur de Grenade, dans le drame de MM. Dennery et Dumanoir, par le sombre roi Charles 11, amoureux de la femme de don César, la belle Maritana. C’est pour satisfaire cette curiosité que M. Henri Augu a écrit, avec l’autorisation de l’illustre auteur de Ruy-Blas, son roman de don César de Bazan à Grenade, dans lequel on voit se dérouler, sous une forme à la fois émouvante et humoristique, une nou¬ velle aventure du héros populaire, connu des deux mondes. Don César s'y trouve mêlé, avec Maritana, Lazarille, devenu officier aux gardes, et d’autres per¬ sonnages nouveaux, dramatiques ou comiques, à la fameuse intrigue qui aboutit à l’avénement au trône d’Espagne du petit-fils de Louis YIV. L’idée de ce roman est des plus ingénieuses, le sujet intéressant, l’action rapide et mouvementée, le style à la fois vif et coloré. Dow César de Bazan à Grenade forme «n beau vo¬ lume in-18 à 3 fr. THÉÂTRES M. Manuel nous a offert cette semaine au Théâtre-Français, une petite boîte de gui¬ mauve, qui porte pour étiquette : l’Absent. Ce n’est pas une pièce. C’est une longue élégie, où se remarquent de temps en temps quelques jolis vers. Mais, mon Dieu! que c’est ennuyeux! Les âmes sensibles ont pleuré. C’est tout ce que souhaitait M. Manuel. Maubant, Coquelin, Mmes Nathalie et Sarah, Bernhardt, ont larmoyé de leur mieux cette petite machine dont on ne parlera plus dans un mois. * * * M. Touroude, dit le vidangeur de lettres, continue à la Renaissance le cours de ses opérations nocturnes. Le tonneau qu’il a rempli l’autre soir, en présence de quinze cents personnes, s’appelle l'Oubliée. Oa ne saurait rien imaginer de plus sale GRELOTS M. Thiers peut'être sûr d’être porté pur toutes les listes républicaines, mais si les Bonaparte reviennent, il est sûr d’être déporté. + Le général Chanzy est nommé gouverneur de l’Al¬ gérie; le ministre de la guerre aura pensé qu’il n’a¬ vait pas de l’Afrique assez. + La droite aurait, dit-on, l’intention de dépeser un projet de loi tendant à ce que notre république soit désormais appelée République conservatrice de la monarchie. + Madame Adelina Patti s’est engagée à donner un grand concert au profit de la fondation Mozart. A donner !!... elle est malade, c’te femme. Je parie que c’est un canard ! •+■ Alphonse Karr dit dans ses Guêpes : « Ils (les républicains) annonçaient tout haut que » s’ils échouaient par le suffrage, ils auraient recours » à la force, et ils disaient : « Nous sommes le nom- » bre, » c’est-à-dire l’injustice, la sottise, la tyrannie, » la terreur. » Or, la droite ayant été « le nombre » au 24 mai, elle représente donc???... Faut-il être malhonnête ! + PRÉDICTIONS DE LA SEMAINE : Lundi. — Le prince Napoléon pose sa candidature en remplacement de M. Vitet. Mardi. — Le duc de Larochefoucault fait un nez d’une aune. Mercredi. — M. Rouher le lui mange. Jeudi. — Le duc d’Aumale donne un sou à un pauvre. Vendredi. Samedi. — naco. Dimanche. — Le duc d’Aumale redemande son sou pour soulager d’autres infortunes (au pluriel). — Le pauvre en meurt de surprise. On reconnaît que ce n’était qu’un mo- + Si M. Magne a été nommé ministre des finances, c’est qu’on aura probablement supposé qu’il était d’une grande habileté à magner les fonds publics. TRIBODLET. |