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Numéro

20 NOVEMBRE 1924

TROISIÈME SAISON 1924 - 1925

BUREAUX :

CHÈQUES POSTAUX

V. BOURGEOIS 108,016 Téléphone :685,67 b

P. BOURGEOIS, V. BOURGEOIS, P. FLOUQUET, K.MAES, G. MONIER.

Chronique

de la

Lanterne Sourde,,

RENE ARCOS

a ccnférencié le 11 Novembre.

Au milieu des forces contradictoires qui se déchirent l'Europe, des hommes marchent avec foi vers un ordre nouveau, « un ordre qui se moque de la raison d'Etat ».

Ils sont peu, mais leur groupe est dense. Arcos est un de ces dominateurs par l'esprit, qui con­centrent en eux-mêmes la compréhension des races et leurs aspirations collectives et secrètes.

Esprit générateur de paix, parce qu'il la contient en lui, il prodigue des paroles violentes comme des anathèmes, et repousse la violence, car la haine et le sectarisme stériles lui sont étrangers, (on se souvient de paroles troublantes pour des esprits en mal d'absolu), mais il en veut à la bêtise pan­sue et nocive :

Cet homme habite les plus purs sommets.

Il fut de ceux qui restèrent « garants et gar­diens de deux ou trois choses divines ». Aux dilet­tantes de la « Crise de l'Esprit », Arcos oppose son insinuante volonté de « l'Esprit contre la guerre ».

Regard aigu qui s'illumine, bonté vaste et ten­dre, douce ténacité : on connaît de ce petit hom­me. certains poèmes qui seraient d'un bon géant. Des fondateurs de l'Abbaye ce tendre essai de collectivisme Arcos est peut-être celui qui aura le mieux poursuivi, en l'élargissant, l'œuvre in­consciemment ébauchée alors. Le poète aux yeux mobiles de « ce qui naît » s'est fait l'homme de « Patrie européenne », pour produire en une fé­conde union, « Pays du soir », poème au service de lhumain. En son œuvre il réalise l'unité par la soumission : il faut aimer en lui, dans la logi­que et l'action corrélative, un déroulement in­compressible.

Après la blessure, voici la défense de la chair, les premières cellules qui travaillent à reconstituer le tissu. Petit dans l'immense corps, le globule rouge Arcos est virulent.

Paul Werrie.

L'Europe qui se cherche

Kasimir Edschmid

à la Lanterne Sourde

Origine: Darmstadt (Allemagne occidentale).

Type: Anglais (Comme tant de con­

tinentaux) .

Age: Trente ans (Environ: à l'instar de-

nombreux vieillards).

Psychologie: Compliquée (ainsi que tous les êtres sains).

Quelques détails complémentaires.

Edschmid. Nous voici sous un double signe de vie jeune. Dès quil paraît, ne ressentez-vous le contact de quelque chose de mélodieux et de spor­tif? Insistons : générosité valide du corps et de la voix. Un homme fort qui parle avec une fer­veur harmonieuse. Ce qu'on appelle dans les mi­lieux intellectuels, mondains et populaires : un type sympathique. Mais son regard et ses discours attestent la sécurité des réconfortantes inquiétudes. Edschmid cherche, interroge. La complication de la vie moderne à sa curiosité néchappe point. Il faut des confrontations, de® d.appels et des em­mêlements peut-être, d'images ou de concepts. On appelle parfois cette probité vis à vis de l'esprit : lourdeur, fantaisie, virtuosité. Mais Edschmid sait bien qu'on ne peut réduire l'expérience humaine à lécriture cursive du roman-feuilleton. L'art est enveloppé d'ailleurs par le mouvement général des idées émises en l'époque.

« Vous parler du jeune art allemand? Laissez - moi vous donner un tableau d f ensemble de Vin- tellectualité nouvelle. »

Voilà Edschmid : intellectuel bien portant, il affronte le tumulte spirituel en quoi son peuple cherche une espérance confuse. Gestes éminemment parallèles : après avoir fait du ski parmi les som­mets suisses, il descend en son pays défendre lEurope au milieu dassemblées parfois houleuses. Et cest un merveilleux chant plein de vaillance harmonie et sport que cet appel obstiné.

EXPOSITIONS

Galerie Manteau :

Philibert Cockx, peintre Doit Ledel, sculpteur

La peinture de Cockx est d'essence lyrique.

Coloriste puissant et sensible : une harmonie majeure gonfle ses toiles de sonorités pleines, aux larges développements rythmiques. Portraits et paysages vivent en pleine matière. Peints avec une sobriété garante de confiance et de foi, ils rayon­nent de toute leur concentration exaltée, presque mystique.

Plusieurs périodes sont représentées ici définis­sant en leurs diverses formes une intelligence plas­tique riche de désirs et d'instincts.

Citons avec la Femme du Midi et un Nu dans la partie supérieure duquel des coloris communient en des rapports dune indicible sensibilité, ce Mi­racle, œuvrette une troublante immensité se réalise en gammes âpres et chaudes.

Ledel expose à ses côtés des granits puissants organisés selon l'esprit du bloc, dont la taille large et mesurée séduit par la certitude de sa finalité. Dans UHomme au Casque, les volumes conjugués du cou et de la barbe établissent toute l'œuvre, au­torisant le poids brutal du casque.

Pareille réalisation par son style synthétique et son équilibre audacieux révèle un talent et une lucidité quexpliqueraient un grand amour et une pénétration active des phénomènes vitaux.

Artisans probes, artistes puissants et personnels sûrs de leurs intentions et de leurs visions autant que de leur métier, le peintre et le sculpteur nous placent en face de formes maîtrisées, tendant à concilier esthétique et technique en une science profonde et humaine qui résorberait en sa joie créatrice les faciles fantaisies mondaines aussi bien que la stérilité coutumière aujourdhui des habiletés professionnelles.

Or, écoutons Eekhoud qui les aime rechercher et définir de par leurs œuvres, les hommes et les ar­tistes qu'ils sont : « Les tableaux de Cockx tout comme les sculptures de Ledel, nous proposent une expression nouvelle des formes et des aspects que la luxuriante nature de ce pays ne cesse de prodi­guer à ses fervents, à ceux qui commencèrent par F aimer profondément avant de songer à nous en rendre la couleur ou les reliefs, avant de nous en arrêter les visages. »

Certes, nous ne souscrivons pas à toutes leurs œuvres, particulièrement à celles le goût inné du réalisme traditionnel ne se magnifie pas de lécher thés ou de réussite audacieuse, et il y en a. Mais du moins reconnaissons que plus parfaits compagnons ne pouvaient s'accorder pour triom­pher avec simplicité, ainsi qu'ils combattirent et créèrent!

N'allez donc pas y guetter l'absurde, pour par­fait et enivrant qu'il soit; mais plutôt lâme ori­ginelle à fleur des sens, du cœur plein les lèvres et les yeux, car ils vous offrent en leur sincérité un peu de la vérité et de la puissance de chez nous.

Pierre FLOUQUET.

Le Club Flamand a reçu lEcrivain

Hollandais Van Deyssel

Après que diverses autorités françaises ou fla­mandes leurent salué, Georges Vriamont a fou­gueusement fêté en notre éminent confrère l'ani­mateur audacieux et subversif, liconoclaste, le jeune .