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15 JANVIER 1925
TROISIEME H SAISON ■ 1924 - 1925
BUREAUX :
271, BRUXELLES
CHÈQUES POSTAUX
V. BOURGEOIS 108,016 nTéléphone:685,67B
P. BOURGEOIS, V. BOURGEOIS, P. FLOUQUET, K. MAES, G. MONIER
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Architecte : Paul Rubbers
N’est-il pas particulièrement heureux, le choix des architectes de la cité-jardin du Kapelleveld (Coopérative de locataires à Woluwe-Bruxelles) ? Louis Van der Swaelmen. à qui a été confié le . plan, d’ ensemhle.. .Pompe, ,,Hoste.. Jio.die:a»-.RuJflKXS_ qui ont été chargés de l’élaboration des plans des maisons.
7 Arts publiera la semaine prochaine le. plan d’ensemble du Kapelleveld et les projets de Hoste; urne notice explicative de Van der Swaelmen exposera les directives adoptées et les moyens de réalisation. Inutile d’insister sur l’œuvre de ces deux artistes dont nos lecteurs ont pu, à différentes reprises, apprécier les études ainsi que des reproductions leurs travaux.
A la troisième vague d’assaut moderniste appartiennent Hoeben et Rubbers : si la première génération moderniste, Hankar-Horta-van de Vel- de, s’était, dès la fin du XIX e siècle, imposée, la carence presque complète de la deuxième génération — celle d’avant-guerre — n’a-t-elle pas permis, depuis l’armistice, à des jeunes architectes, de conquérir non seulement en Belgique mais également à l’étranger une situation intéressante? Tandis que Hoeben se signalait à l’attention des techniciens par un remarquable projet d’urbanisation de Mo- lenbeek-Saint-Jean, étude primée lors d’un concours public, dans les mêmes circonstances, une œuvre de Rubbers — école de Bienfaisance de l’Etat — était retenue par le jury pour exécution. Mais ne fallait-il pas que la politique dite « d’économie » vînt nous priver du plaisir de voir ce travail réalisé!
Pompe est une des rares figures puissantes de la deuxième génération moderniste. N’aurait-il construit que cette admirable maison du docteur Van- neck, rue Henri Waffelaers, à Bruxelles, que cela suffirait à le classer parmi les meilleurs! Et que d’autres œuvres ne nous a-t-il pas données : des mobiliers intimes et pratiques, des maisons bien ordonnées!
Il convient également de signaler son cours de construction de l’Académie des Beaux-Arts de Molenbçek-Saint-Jean. Et soyez persuadés que la connaissance des matériaux qu’il donne à ses élèves est autrement importante que toutes les leçons officielles de « composition architecturale » qui abîment le goût de la jeunesse.
Aussi quand je pense à la carrière de Pompe, je m’irrite. Et n’y a-t-il pas de quoi? En effet, jamais une commande officielle n’est venue permettre à cet architecte de nous donner mesure entière de sa personnalité. (Constatons en passant que cette remarque s’applique également à la plupart de nos meilleurs architectes. Hankar, Van de Velde, Van Rysselberghe n’ont jamais rien obtenu des pouvoirs publics et, quant à Horta, il édifie tardive
ment sa première commande officielle : le pavillon de la Belgique à l’Exposition dés Arts Décoratifs modernes de Paris.) Si la Belgique a toujours été le paradis des architectes bourgeois, faisons de notre mieux pour qu’à l’avenir il soit aussi terre promise pour les chercheurs.
N’est-il pas question d’une exposition internationale à Bruxelles en 1830? Y aurons-nous encore d’incolores variations classiques à la Acker, qui donnèrent à l’Exposition de 1910 une allure Té^Têcrbpoïè iT déTazar, ou séuïè, à peu près, la section allemande mettait de la joie esthétique, de la dignité? (Le Gouvernement belge avait imposé au Gouvernement hollandais de construire son pavillon en style « régional » !!).
Une exposition, avant tout champ d’expériences, où toutes les audaces s’imposent, doit appartenir aux modernistes et faisons le vœu que celle de 1930 permettra enfin à Pompe de nous donner l’œuvre imposante qu*il nous doit,
Victor Bourgeois.
Carnet d’un Citadin
EBAUCHE ESTHETIQUE DU BAR, —
(Suite,)
L’esprit des éléments mobiliers et de leur plantation ou distribution en la salle commune du bat dancing est de grand intérêt, et fort peu réalisé jusqu’ici. De formes originales, organiquement obtenues, les meubles seront groupés par petits ensembles, eux-mêmes distribués en fonction d’un rythme général préétabli. Ces ensembles seront composés d’une table basse, de fauteuils goût club , et d’un jeu de tabourets à l’usage des danseurs. Une lampe individuelle, enclose d’un abat-jour, de forme et de couleur primaires, isolera l’ensemble en son halo coloré.
Le troisième exercice, le rythme musical prépondérant au dancing par sa puissance dynamique et
suggestive, établit l’atmosphère de façon intermi- tente mais définitive.
Au cabinet particulier, le principe harmonique, intime, sera préféré pour sa joie souple et discrète. Une géométrie élégante, d’un esprit linéaire épuré organisera les surfaces selon des gammes mineures. L’éclairage léger, diversement étudié, participera également au décor. Mais le meuble conservera ici, une forme aisée et confortable plutôt que décorative.
Alors que la piste de danse d’une couleur vive servira de tonique, au dancing, le sol du cabinet particulier revêtira des tapis sobres, de tons et de lignes constructives, participant à la géométrie chantante du décor... ’ .
Mais, vous souvenez-vous, interrogative, de votre première expérience du bat?
— Banale, mon cher, banale...!
Un des trois.
au Casino de Paris
Tout au long des 28 tableaux qui composent la revue présentée actuellement au Casino de Paris, Mistinguett est encore éblouissante d’entrain, de charme gavroche.
Elle est Paris, — un certain côté qui s’attache essentiellement à Paris,
Provocante et crâne, gosse et astucieuse — comme une Parisienne.
Soit que sur un délicieux fond sombre percé de réverbères d’or elle descende les marches d’une fantastique Gare Saint-Lazare, accueillie par la foule de ses admirateurs et un préfet de police inattendu, en habit (M. Saint-Granier), sans oublier Earl Leslie surchargé des bagages de la belle
— soit que la chiffonnière Farfouillette, parmi ses poubelles, sous la neige ingrate des fortifs, lutte avec un bandit et roule sous une torpédo — soit qu’elle se pavane en oiseau de Paradis, le chef orné d’une somptueuse parure — elle reste «Miss» comme on l’appelle ici.
La Parisienne pas mal américanisée par la guerre — pas mal slavisée par le reflet russe d’après-guerre.
La Parisienne ayant assimilé l’idéal bizarre et nouveau des musiques nègres, rythmes entêtants
— un peu maigrie parce que les repas (comme tout) sont plus rapides, plus rapides les voyages, les sports, les sensations.
Mais la Parisienne qui reste elle-même — qui sait exactement ce qui va se porter et ce qui ne se porte plus, qui connaît les mots, les expressions, l’état d’esprit de l’année — qui est humaine, très femme et très « sport » aussi.
Œ3
Le “ Kaoelleveld ”, Architecte : Antoine Pompe