HEBDOMADAIRE D’INFORMATION ET DE CRITIQUE
Numéro
TROISIÈME
■ saison ■
1924 - 1925
B D LÉOPOLD II, 271, BRUXELLES
CHÈQUES POSTAUX
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P. BOURGEOIS, V. BOURGEOIS, P. FLOUQUET, K. MAES, G. MONIER.
JALONS
Troisième Saison-Numéro 20
ou le 75 me numéro de 7 Arts^paraît
Lorsqu’en octobre 1922, nous annonçâmes la publication d’un hebdomadaire moderniste durant la saison d’hiver, les braves amis, ennemis ou ami- ennemis exercèrent leur sens critique en prédisant écroulement au i 5 e , sinon au 10 e numéro. Nous voici — sans essouflement — au 75 e . L’occasion n’est-elle pas propice de situer cet effort que quelque historien littéraire appellera sans doute aussi une miraculeuse aventure.. .?
Rien d’extraordinaire cependant sinon le fait propulsif : ART MODERNE. Ceci posé, tout s’explique aisément. Mais il faut reconnaître l’étonnante vertu du postulat. Le besoin de nouveau qui anime l’élite des artistes développe une force semblable à celles qui ont guidé les plus profondes conquêtes : apôtres, ingénieurs, chefs d’entreprise. Or, cet enthousiasme n’est-il pas soulevé cette fois par une irrésistible nécessité logique et sociale? Que d’exemples d’ailleurs à saluer, témoins fidèles et fervents de l’esprit nouveau! Le cas « moderniste » existant en puissance comme en acte, ascendant théorique comme crédit pratique, sur le plan national aussi bien qu’international, la vie régulière d’un périodique consacré à sa défense n’a rien que de très naturel.
Ce n’est point le lieu de dresser ici un palmarès : toutefois, nous devons préciser quelques résultats.
Si le nombre de nos abonnés croît avec une certaine lenteur encore qu’avec régularité (notre troisième saison comporte actuellement deux fois plus d’abonnements que notre première), d’autre part, les suites directes ou indirectes de notre propagande dépassent largement nos plus optimistes prévisions. Les organismes professionnels, politiques ou gouvernementaux même font appel déjà à la collaboration des tendances extrémistes. On ne conçoit plus dans les milieux éclairés qu’une œuvre de tendance antiacadémique s’affirme sans la présence de quelques-uns de nos collaborateurs. Cor- porativement, nos tentatives sont ainsi mesurées souvent avec honnêteté, parfois avec sympathie.
D’autre part, stimulée par l’énergie et la hardiesse de notre action, la jeunesse des écoles (génération qui s’est formée entièrement dans l’après- guerre) suit avec enthousiasme notre propagande. Des noms nouveaux apparaissent à nos sommaires. Déjà se prépare ainsi la quatrième vague moderniste...
En résumé, consolidation des positions acquises et conquête aussi bien en avant qu’en arrière : vingt ans, quarante-cinq ans.
Ces succès commandent d’envisager l’avenir avec prudence : nous ne pourrons les étendre que si nous menons les opérations avec plus d’habileté et plus de fermeté. L’organisation étant maîtresse de tout progrès, nous invitons nos lecteurs, dont la plupart sont amis décidés de l’art nouveau, à nous envoyer leurs suggestions pour un meilleur fonctionnement de la propagande moderniste.
Tel est le mot digne de célébrer le y 5 e numéro d’un périodique d'avant-garde : PROPAGANDE.
Tout ce qui ne sert pas, de façon désintéressée, le style du XX e siècle, nous est en effet étranger.
SEPT ARTS.
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A propos de théâtre
Une conférence de Camille Poupëye, au Cercle de la Renaissance d’Occident, sur “ LES GRANDS COURANTS DE LA DRAMATURGIE MODERNE. „
Cette conférence fut une preuvjï. Beaucoup de paroles autour de l’inconscient, du dédoublement de la personnalité. Or ces mots étaient «habituels» qui témoignaient pour les plus extraordinaires créations. Au service de l’expressionisme, le cliché : élocution douce, monotone, indulgente, au surplus. Comme si un professeut de littérature entreprenait de défendre les arts révolutionnaires selon les vœux classiques d’une école normale... Ainsi les idées étaient énoncées, puis reprises, tout exposé suivi d’un résumé. Des divisions étaient détaillées avec satisfaction : premièrement, etc... Ceux qui avaient détruit étaient loués selon l’esprit des choses détruites. Jugeons ce fait en profondeur. L’audace d’aimer une œuvre n’a point déterminé, cette fois, la hardiesse dans son explication. Double personnalité : l’homme-spectateur et l’homme-critique; intrépidité dans la perception du beau, défense en ton et termes de paix.
Ajouterai-je que du point de vue de la propagande, ce procédé possède une force indiscutable de rayonnement?
Si longue fut cette causerie que l’abondance de la documentation fut même incapable d’en cacher la durée. Esprit curieux et attentif, Camille Pou- peye fit montre d’un grand savoir : de la Russie à l’Amérique en passant par la Yougoslavie; des auteurs célèbres; des JEUNES ; Capek, Goll, Maïakowski, etc., etc. Cette énumération explique suffisamment l’hésitation de l’auditeur à en tenter un résumé.
L’auteur, tout en reconnaissant l’importance vitale de la mise en scène, n’a considéré que l’aspect littéraire des œuvres scéniques. Limitation nécessaire.
D’une façon générale, après le triomphe réaliste de la fin du XIX e siècle, et sous la quadruple influence de Wedekind, Strindberg, Andreïev et
Shaw,-avec accompagnement de Freud et
d’Einstein, — le théâtre nouveau soucieux de découvrir la réalité secrète de la vie entreprend de se définir selon le mécanisme fantasque de l’inconscient. Nom générique : l'Expressionisme, dont les tendances se ramènent à trois modes ; drame dynamique (Georg Kaiser), drame extatique (Franz Werfel), drame synthétique (combinaison de la réalité, de la fièvre verbale et du lyrisme extatique) . D’après le conférencier, l’Expressionisme aurait déjà traversé les trois stades de toute forme artistique ; élaboration (Wedekind), réalisation (Kaiser), raffinement (Sternheim).
Tout cela paraît clair. Or, je crois que rien n’est plus confus que cette notion passe-partout d’expressionisme. Malaxage de brouillard. Les dramaturges se mêlent : allemand, espagnol, belge, même. Réjouissons-nous de cette communauté. Hélas n’est-elle point factice en son seul caractère cohésif: le mystère de l’âme profonde? Il existe d’autres stimulants. Poupeye en indiqua: la gloire du spectacle (sport, ballet). L’étude du théâtre moderne demande peut-être une rectification de la valeur de l’expressionisme.
Telle tentative déborde ce compte-rendu. Plutôt que de disserter indéfiniment? cessons. A la façon de certaines pièces modernistes. Après x minutes. Et pas une ligne de plus.
Pierre BOURGEOIS.
Le Mouvement moderne International
A Vienne
Pour la réforme du logement
L’architecte Anton Brenner
Un “Jeune „ ■
Donc, la VIE MODERNE monte à l’assaut, partout. Que les retardataires l’admettent ou non. Ou qu’ils contrôlent ceci :
L’incessant effondrement des habitudes et des idéologies inquiètes s’équilibre par la passion du NOUVEAU, l’ardeur à la RECHERCHE. D’ailleurs, toute recherche amène sa part de beauté à condition qu’elle s’accroche à la VIE. Et ces recherches peuvent — comme il arrive — conduire à une manière de certitude. Tout au moins à un état de perfection esthétique et usuelle. Voici un cas. L’ardu PROBLEME-HABITATION ne cesse de se subordonner au PROBLEME-SOCIAL, et s’oriente vers la norme définitive du siècle : LA MACHINE. Le Corbusier a prononcé l’esthétique de la MACHINE A HABITER. Les Allemands ont envisagé le type de la WOHNMASCHINE, et le solutionnent.
A Vienne, ANTON BRENNER s’est ingénié à découvrir pratiquement la MECANIQUE de
Marcel L’Herbier qui conférenciera à Bruxelles
LE 1er AVRIL 1925